On me demande souvent pourquoi je me suis plongé dans le Web3 alors que je suis un fervent défenseur des enjeux de développement durable et de tourisme responsable. Je vais tenter ici de vous faire expliquer mon schéma de penser afin d’essayer de vous montrer que tout ceci est assez logique et que je ne suis pas aussi schizophrène que cela !
La claque de départ : l’histoire d’Aaron Swartz
Je me suis toujours intéressé à la culture du hacking, du hacker éthique comme aime le préciser Ratzillas alias Gaël Musquet (son interview dans le podcast Sismique avec Gaël Musquet). Un jour, je suis tombé sur le documentaire : The Internet’s Own Boy qui raconte l’histoire d’Aaron Swartz. Ce film me marquera à jamais. J’ai lu le livre « Celui qui pourrait changer le monde » qui reprend l’ensemble de ces travaux et prises de parole. J’ai lu la biographie réalisée par Flore Vasseur – « Ce qu’il reste de nos rêves ».
Comme c’est parfaitement expliqué dans les livres et dans le film, Aaron Swartz avait un idéal, redonner du pouvoir aux internautes. Internet devait être un outil au service de l’émancipation des gens comme il l’a fait en hackant JSTORE en 2011, ce système d’archivage en ligne de publications universitaires et scientifiques qui est surtout une bibliothèque numérique payante. Or, Aaron Swartz était un grand contributeur et fervent défenseur de Wikipédia pour permettre aux individus de s’informer gratuitement en particulièrement sur les questions juridiques (JSTORE détenait l’ensemble des décisions de justices et autres jurisprudences). C’est à partir de ce moment qu’Aaron Swartz sera poursuivi par la justice américaine ce qui l’amenera à se suicider 2 ans plus tard…
Cette histoire m’a parlé. Elle rassemblait toutes les valeurs que je défendais: la justice, la techno4good, l’activisme.
Mon engagement en faveur d’un tourisme durable
Or, en 2013, quand Aaron Swartz a disparu, j’étais engagé pleinement dans un autre combat, celui du tourisme durable. Je venais de reprendre la présidence de l’association Acteurs du Tourisme Durable afin de pousser les enjeux de développement durable dans le tourisme. A ce moment, il est important de rassembler tous les acteurs et associations qui défendaient une transition du secteur (le mot transition n’est venu que plus tard). C’est ainsi que j’ai réuni l’ATES, ATR, des destinations, des grandes entreprises du tourisme afin que l’on se réunisse sous une même bannière pour faire évoluer l’ensemble du secteur (et non pas uniquement celui du voyage) à intégrer les enjeux de développement durable. J’ai présidé l’association pendant 8 ans, jusqu’en 2021. Je pense que nous avons réussi à faire quelquechose d’intéressant pour le secteur. C’est désormais près de 300 membres professionnels des secteurs public et privé qui tentent de faire bouger les lignes sur de nombreux sujets (urgence climatique, tourisme bas carbone, tourisme pour tous, ruptures avec la jeune génération, hébergement éco-responsable, labelisation, etc.). Lors des dernières Universités du Tourisme Durable organisées à Montpellier en octobre 2022, nous étions plus de 500 participants. Une vraie réussite !
J’ai quitté la présidence pour m’occuper pleinement d’autres sujets clés que ce soit personnellement (je suis devenu papa) et professionnellement (développer mon entreprise de conseil ID-Tourisme, élaborer des pistes pour une autre entreprise, etc.)
La philosophie du Bitcoin et de la Blockchain
Avec la crise Covid, j’ai eu du temps, comme beaucoup, pour lire, comprendre le monde. C’est là où j’ai commencé à m’intéresser à nouveau au pourquoi du comment de l’Internet.
C’est alors que j’ai commencé à m’intéresser aux cryptomonnaies et aux protocoles Blockchain. J’avais déjà touché du doigt rapidement le sujet sur une conférence à Paris mais je n’avais pas creusé la question. Là, j’ai pris le temps de creuser les valeurs et la philosophie de tout ça et je n’ai pas été déçu !
Ce reportage de la chaîne franco-allemande Arte sur l’origine du Bitcoin et de son « inventeur » Satochi Nakamoto répondait parfaitement à mes attentes !
Je retrouvais dans l’origine de la monnaie numérique et dans le protocole Blockchain les mêmes valeurs qu’Aaron Swartz défendaient pour redonner du pouvoir aux individus.
La hype du Web3
Je n’ai pourtant pas acheté de bitcoins de suite. Ce qui m’intéressait là-dedans, ce n’était pas l’investissement ou la spéculation mais bien la philosophie de fond.
Ce qui m’a fait basculer dans le monde du Web3, c’est la découverte du jeu de Sport Fantasy « Sorare ». Cette licorne française a monté une plateforme de jeu où l’on achète des cartes de joueurs (de foot, de baseball ou de NBA pour l’instant) sous format NFT. On crée alors des équipes de plusieurs joueurs avec nos cartes pour affronter les autres managers du monde entier, le résultat de notre équipe étant l’addition des scoring de chacun de nos joueurs en fonction de la performance réelle des joueurs sur le terrain.
J’ai alors écouté le podcast du patron de Sorare, Nicolas Julia, chez Matthieu Stéfani dans Génération Do it Yourself.
En tant que passionné de sport et de foot, je me suis donc inscrit sur la plateforme pour voir, pour comprendre. C’est mon premier pas dans le Web3. J’ai alors créé mon Wallet. J’ai acheté mes premières cryptos (cher à l’époque !). J’ai fait mes premières erreurs et j’ai commencé à comprendre tout le potentiel incroyable du Web3 pour répondre aux valeurs que je défendais, que ce soit le pouvoir redonné aux individus (en possédant nos contenus), mais aussi les enjeux d’implication politique des jeunes, de développement durable, etc.
Faire le lien avec la transition du tourisme
Maintenant que vous avez compris ce qui m’a amené à m’intéresser au Web3, vous imaginez bien la suite qui est de faire le lien entre tous ces sujets et particulièrement comment la transition du tourisme va pouvoir bénéficier du Web3.
Le tourisme est devenu un secteur hautement numérisé. C’est dans ce secteur que l’on a vu apparaître assez tôt des plateformes comme Booking et Airbnb. C’est dans ce secteur où des acteurs traditionnels ont dû investir pour faire leur transition numérique afin de ne pas se faire distancer par les nouveaux acteurs et autres start-ups.
Notre smartphone est devenu un outil indispensable pour préparer son voyage, pour trouver des infos ou des activités pendant le séjour mais aussi pour faire des reviews ou partager ses souvenirs. Tout passe ou presque par le numérique dans le tourisme et cela ne va pas changer dans les années à venir.
Or, la tendance au Web3 pose des questions ou ouvre des opportunités intéressantes que ce soit dans la sécurisation des données, dans l’implication des habitants dans les choix de développement touristique sur leur territoire, dans l’attractivité de la GenZ à travers de nouveaux outils (NFT de destination ?) ou espaces (Metavers ?), dans de nouveaux outils de financement de projets touristiques (tokenisation de projets hôtels, cryptomonnaies ?) mais aussi de gouvernance du tourisme en impliquant les différentes parties prenantes (DAO ?). Et toutes ces réflexions, cela devra se faire dans un contexte d’urgence climatique, de contraction énergétique et de crises géopolitiques…
Bienvenue dans ce blog et n’hésitez pas à proposer des sujets ou acteurs à interviewer. C’est ouvert comme dans le Web3. Ce blog est à vous.
Et voilà un néo-millionnaire de plus grâce à Sorare 😉
Blague à part, ravi de constater qu’on a beaucoup d’inspirations communes.
Impatient de suivre tes réflexions en tout cas, longue vie à Web3-Tourisme !
Ahah, je suis clairement loin d’être millionnaire sur Sorare! T’es dessus aussi ?
Faut qu’on s’appelle pour discuter tout ça!
J’adore! Congrats 🎉
Longue vie à Web3 Tourisme !
Super initiative Guillaume
yeahh!
Bravo Guillaume ! Une claque similaire (tu le sais ;-)) sur le documentaire dédié à Aaron SHWARTZ. Au delà d’une révolution techologique, une idéologie et des valeurs partagées. Félicitations pour ton blog, je vais tâcher d’y apporter ma modeste contribution et continuons à imaginer un tourisme 3.0.
C’est fou comme il faudrait faire connaître encore + cette histoire et les 2 livres dont je parle sur lui. On se fera une petite interview / réflexion à un moment sur ce blog!
Merci Guillaume pour avoir pris le temps d’expliquer ce parcours. Je vais prendre le temps pour comprendre dans les faits comment un territoire, au hasard, de montagne, peut s’approprier cette technologie. C’est pas gagné mais l’enjeu est tel que toutes les pistes sont à explorer.
Je pense qu’il y a plein de choses à inventer sur les territoires de montagne. Ca ne saurait tarder d’imaginer des nouvelles expérimentations que ce soit dans la prise de parole des jeunes sur les politiques locales, sur l’évolution du financement de projets + transparents ou encore sur d’autres aspects à inventer.
Bravo Guillaume et surtout merci de t’engager par ce blog à mieux faire connaitre les sous-jacents et le potentiel du Web3 dans le Tourisme.
Tu peux compter sur l’équipe de WYTLAND pour apporter notre pierre à l’édifice. 😉
Yes! Je vais avoir besoin de vous, les pionniers français du Web3 dans le tourisme!